RELAXE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN : QUEL POSITIONNEMENT POUR LES ANCIENS "SOUVERAINISTES"

Publié le par CASTELMAURE

Ainsi, quelques mois après la condamnation de Charles Pasqua dont j'ai déjà démontré qu'il s'agissait du dernier acte d'une évolution politique structurelle majeure, traduite par le ralliement paradoxal à Nicolas Sarkozy d'une partie essentielle des anciens réseaux du R.P.F et concrétisée par l'appui tacite de ce dernier à la victoire du "non de droite" en mai 2005 qu'il utilisa à son profit pendant la campagne présidentielle 2007 puis pendant les européennes 2009 à l'aide d'une présidence française de l'U.E. plutôt réussie, le deuxième protagoniste de ces évènements politico-judiciaires à savoir l'ancien Premier Ministre Dominique de Villepin se trouve lui relaxé dans le cadre de l'affaire Clearstream.
Or, à contrario de Charles Pasqua qui souhait se présenter comme l'aile droite du R.P.R. à l'élection présidentielle de 2002 face à Jacques Chirac, qui profita finalement de ce trouble dans les conditions que l'on sait, Dominique de Villepin avait plutôt choisi de ce positionner en poulain de l'ancien  Président en remplacement de l'infortuné Alain Juppé, "rattrappé lui aussi par des problématiques de nature judiciaire". Or, on ne peut cette fois-ci parler d'entente pragmatique entre courants idéologiques initialement divergents comme entre Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy-initialement opposés aux élections européennes de 1999-entente concrétisée par la présidence française de l'UE au deuxième semestre 2008. En effet, si Jacques Chirac incarnait "l'aile de centre-gauche" de l'actuelle majorité face à Charles Pasqua, le clivage est beaucoup plus flou entre Nicolas Sarkozy, qui récupéra les réseaux de ce dernier à son profit, et Dominique de Villepin, "plombé" par son ministre de l'Intérieur dans l'affaire du C.P.E. ce qui déplut certainement à son électorat de 2007!

Ceci dit, à l'instar de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin était peut-être davantage imprégné de culture "gaulliste" et, disons-le, française, ce qui, sur ce point particulièrement, pouvait séduire l'ancienne droite souverainiste sur certains points, comme son fameux discours à l'O.N.U, non sans panache, au moment de la guerre en Irak, a pu le montrer. Son "européisme" était ici de circonstance, comme la majorité des cadres de l'U.M.P. ceci dit (à commencer par le Premier Ministre François Fillon ancien partisan du "non" au débat sur le traité de Maastricht!) mais, surtout comme ces anciens "gaullistes historiques" qui, sans renier leur culture, ont préféré sans doute "positiver" leur "eurosceptisisme" initiale, à l'exception de certaines personnalités comme Jacques Myard...
ou le fameux Nicolas Dupont-Aignan qui, s'il a lui aussi en quelque sorte bénéficié du pacte Sarkozy/Pasqua pour devenir député de l'Essonne-j'aime beaucoup le lui rappeler-, s'en est  extrait pour jouer un jeu indépendant dont je me demandais dans un article récent s'il était sincère ou relevait d'un phénomène de "double jeu" classique dans la droite nationale, eu égard à son rôle contre "Libertas" aux élections européennes de 1999. 
Et cette independance réelle ou feinte place le président de "Debout la République" comme un des principaux soutiens de Dominique de Villepin ce qui n'est pas absurde idéologiquement si l'on considère leur anti-atlantisme farouche et leur goût de l'héritage français et gaullien. 

Le pragmatisme me conduit aussi à écouter un autre ancien cadre du R.P.F. le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca qui, évoquant le souvenir d'une ancienne personnalité souverainiste chère à nous tous qui était Marie-France Garaud, rappelait que ce genre de configuration pourrait commencer par un statut de"commandeur" commençant à 7-8% dans les sondages puis finire pitoyablement à 1,5%.

A supposer qu'il soit sincère, Nicolas Dupont-Aignan a-t'il raison de soutenir Dominique de Villepin? ou Lionnel Luca a-t'il raison d'émettre des doutes sur la capacité de ce dernier à incarner une alternative satisfaisante, pour les anciens souverainistes, à Nicolas Sarkozy?

Ce sujet va probablement faire débat très prochainement dans la galaxie "euroréaliste", sachant que ce ne sera pas le problème des élections régionales, à propos desquels les sondages donnent de plus en plus raison à mes prédictions de "tassement" de l'U.M.P. sans réelle remontée du Front national

Mais il faut bien voir aussi que les prochaines échéances électorales approchent et que, à commencer par les "villepinistes" déclarés comme le député Goulard, la question de l'investiture des cadres aux élections législatives va se poser et ce, en fonction de "quotas"; on se souvient  comment, ne s'étant pas inscrit dans ce cadre de "quotas", l'ancien député des Alpes-Maritimes Jérôme Rivière, proche de M.Luca d'ailleurs, avait fini!

 

Il est vrai que, comme entre Jacques Chirac et Edouard Balladur en 1995, l'on peut attendre le second tour pour voir ces questions mais cela impliquerait un début d'"éclatement de l'U.M.P." qui, s'il constituerait indiscutablement LA solution pour la droite "patriote"-à condition que le Front national soit éliminé de la plupart des régions en mars prochain-se trouve néanmoins confronté à l'énorme capacité de rassemblement de cette strucure issue de 2002 qui, en dehors de l'évidence de la nécessité des réformes de l'Etat-Providence face à la gauche, ne peut guère assimilée à un vecteur permanent d'une idéologie spécifique. 

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